Interview de Laurent Chevalier : un investisseur devenu entrepreneur
Publiée le 06 mars 2020
Laurent, qui êtes-vous et quel est votre parcours ?
J’ai 60 ans, une première expérience professionnelle dans le conseil auprès d’entreprises en difficulté, et 25 ans de gestion de fonds d’investissement capital-risque.
Votre trajectoire est atypique : vous avez effectué tout une partie de votre parcours dans le conseil et la finance, et avez décidé en 2016 de passer de l’autre côté du rideau en reprenant une entreprise industrielle. Quel a été le déclencheur ?
L’ancien président de Suntec avait créé une situation de rupture de trésorerie, était en conflit avec les actionnaires que je représentais, et avait mis l’entreprise sous procédure collective sans leur accord. J’ai pris la présidence après sa révocation, en décembre 2016.
SUNTEC était alors en difficulté, situation que vous avez totalement inversée depuis… Quelles actions avez-vous mis en œuvre pour réussir ce retournement ?
Mon sentiment était que les fondamentaux de l’activité pouvaient permettre à Suntec de sortir de cette crise. La première étape a été de mettre en place un process de management SOP, afin de faire travailler les équipes dans la même direction. Ensuite : du travail, la motivation de l’équipe, et du bon sens.
Que fait SUNTEC aujourd’hui et quels sont vos projets pour la suite ?
Suntec est toujours le fabricant de référence mondiale pour la pompe à engrenage destinée aux combustibles liquides. Notre stratégie est de valoriser l’activité historique, et de diversifier les gammes de produits pour aller vers des applications industrielles.
Diriger un cabinet de conseil et une entreprise industrielle sont 2 choses bien différentes. Comment avez-vous fait pour passer d’un monde à l’autre ? Quelles difficultés avez-vous dû surpasser ?
J’étais dans une société de gestion de fonds d’investissement, avec un portefeuille d’entreprises plutôt industrielles. Cela dit, le management opérationnel est bien sûr très différent : il faut savoir déléguer, écouter, et décider.
Vous avez collaboré avec Vincent LEBLANC, manager de transition Inside Management. Quel a été son rôle par rapport à votre feuille de route générale pour le projet SUNTEC ?
Vincent a assuré une mission de DAF par intérim, après le départ de l’ancien DAF. Il a stabilisé l’équipe en améliorant le processus de reporting, et surtout en assurant le passage à un ERP SAP BusinessObjects, qui a été un vrai big bang pour Suntec. L’arrivée d’une nouvelle DAF a pu ainsi être facilitée.
Cette expérience et votre parcours antérieur vous donnent un regard aiguisé sur ce type de prestation. Quelles sont d’après vous les caractéristiques d’un bon cabinet de conseil, et quelles préconisations feriez-vous aux dirigeants qui sont amenés à choisir des partenaires extérieurs ?
Il est crucial de s’entourer de prestataires spécialisés qui permettent de gagner du temps, et apportent un regard extérieur très précieux. Les points de situation réguliers permettent de suivre la mission, ses résultats, éventuellement ses contraintes.
Vous semblez prendre énormément de plaisir dans l’aventure SUNTEC, qui a pourtant certainement été une aventure dense et engageante. Qu’est-ce qui vous a permis de rester serein ? Comment gère-t-on dans ce cas les interférences avec la vie personnelle ?
Le fait d’avoir une équipe professionnelle et sérieuse est évidemment la base. Cela étant, il faut s’adapter avec un nouveau style de vie. Mais les résultats obtenus sont un encouragement quotidien. Enfin, la région bourguignonne vaut bien le détour !