Jean-Michel AULAS, icône du management ?
Publiée le 22 janvier 2021
Le Management de Transition nous amène souvent à nous interroger sur les qualités attendues d’un(e) intervenant(e). Nous avons bien sûr notre opinion sur la question (voir notre Portrait du Manager de Transition), mais l’idée de se référer à une personnalité du monde des affaires nous a semblé intéressante : quelles qualités pour réussir dans le monde de l’entreprise ? Notre choix s’est naturellement porté vers l’une des figures de proue de notre région, entrepreneur génial qui a réussi la prouesse de passer du monde de l’entreprise à celui du sport business avec brio : Jean-Michel Aulas, icone du management mais pas seulement. Quelles sont les qualités qu’a déployé JMA pour accéder à la réussite et à la reconnaissance ?
La vision et l’audace
Notre homme a d’abord développé une capacité à distinguer de la notion de management : Jean-Michel Aulas icone du management, oui, mais d’abord un entrepreneur. Il a, avant les autres, l’idée d’un produit ou d’une offre qui va répondre à un besoin que lui seul a perçu.
C’est ce qu’il a appliqué lorsqu’il a créé et fait progresser l’éditeur Cegid (répondre aux besoins des comptables), mais aussi avec l’Olympique Lyonnais (le foot n’est plus qu’une affaire de sport, mais un véritable business où le projet d’entreprise est capital) avec une approche non plus seulement BtoC, mais surtout BtoB.
En plus de percevoir le besoin avant tout le monde, il perçoit également son évolution de manière avant-gardiste : au-delà du besoin logiciel auquel répond Cegid, il l’a rapidement orienté vers le marché du Saas ; au-delà de l’unique attente du spectacle sportif, le Groupama Stadium est devenu un lieu qui offre aussi la possibilité d’étoffer son réseau d’affaires !
Il le dit lui-même : « L’imagination est plus importante que le savoir. Pour durer, il faut imaginer que l’avenir sera différent du passé. Cela impose d’avoir l’esprit et le regard ouverts, de savoir se remettre en question, de faire confiance aux autres, de beaucoup déléguer… ».
Homme de Business Plan et gestionnaire avisé
Outre les opportunités qu’il sait identifier en premier, Jean-Michel Aulas excelle également dans la mise en œuvre des moyens pour y parvenir. Et il combine en cela deux dimensions qu’il est rare de voir cohabiter : la fibre entrepreneuriale et les compétences en termes de gestion.
Ainsi s’est-il employé, pour l’Olympique Lyonnais, à mettre en place un business plan dont l’objectif est d’atteindre la performance économique, comme toute entreprise classique : « Le stade vise à atténuer l’impact des scores du samedi soir ! Sa rentabilité dépend certes de performances du club résident, mais également de tous les services qu’il offre ».
De la même manière, notre homme a la prudence de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier : il a créé OL Groupe, holding possédant des parts dans 10 entreprises filiales, chacune spécialisée dans un secteur.
Au-delà du simple aspect sportif, Jean-Michel Aulas, icone du management des temps modernes, est à la tête d’une dizaine de sociétés lyonnaises, qui évoluent dans des activités complémentaires. Il a notamment investi dans un incubateur de start-ups numériques et biotechnologiques, par le biais d’un family office.
La communication
Au fil des années, JMA est devenu une personnalité incontournable du monde du football. Il est adoré, détesté, moqué, mais il ne laisse personne indifférent. Il a rapidement compris, à l’instar de son sponsor de la première heure Bernard Tapie, qu’un milieu surmédiatisé comme celui du football nécessite une parfaite maîtrise de la communication. Il est ainsi devenu un aficionado de Twitter, avec l’idée de maîtriser la forte pression médiatique dans ce sport : « On m’a souvent raillé d’utiliser Twitter, mais il s’agit, dans la gestion d’un club de foot, du contrepoids indispensable à une presse monopolistique […]. Avec Twitter et mes centaines de milliers de « followers », je suis plus réactif que réactif ! ».
Autre stratégie habile de la part du Président de l’OL en matière de communication : s’imposer au niveau des instances nationales du football, très parisiennes. Cela lui permet d’avoir une véritable influence dans le monde du ballon rond. Il est ainsi au fait, voire à l’initiative, des décisions importantes en matière de cadre réglementaire ou économique (comme le fair-play financier par exemple).
A l’échelle de ses responsabilités lyonnaises, il sait que son principal rôle consiste, comme il le dit lui-même, « à être le premier communicant sur la stratégie et le premier vendeur ». Cette incarnation du projet OL est une source de motivation, de fierté et de dynamisme pour les salariés de l’entreprise.
Adaptation et remise en cause
Lorsqu’on lui demande les principales qualités d’un entrepreneur performant, Jean-Michel Aulas en icone du management cite en priorité la capacité d’adaptation et de remise en cause.
La première parce que l’environnement économique, quelle que soit l’activité, change vite et constamment, ce qui oblige à avoir toujours un coup d’avance.
La deuxième parce que, en tant que dirigeant, il est impossible d’être partout et de tout maîtriser.
Durant les 30 dernières années de son parcours, il a appris à gérer son temps et compris qu’il fallait « lâcher » du pouvoir sur certains sujets. « Un dirigeant doit investir son temps dans les domaines où il considère qu’il est le plus utile à son entreprise », en l’occurrence un super-VIP du projet OL.
Cette capacité de remise en cause n’est pas le plus visible, son entourage parle plutôt de sa ténacité. Mais force est de constater qu’il a réussi, dans le monde des affaires comme dans celui du sport, à faire de ses entreprises des leaders incontestés, en ayant à chaque fois imaginé un modèle différent.
Si l’on ne devait retenir qu’une chose du parcours de Jean-Michel Aulas, c’est la démonstration que la connaissance est nécessaire, mais pas suffisante pour réussir dans le monde des affaires. C’est un état d’esprit, avec des ingrédients primordiaux : l’imagination, la capacité de remise en question, et la ténacité.
« La création d’entreprise donne de l’humilité, comme le sport. C’est quelque chose qui peut marcher, mais on n’a jamais de certitude. C’est comme les matchs, que l’on peut gagner ou perdre… Et on ne peut pas réussir tout seul. Il faut avoir des collaborateurs ou des coéquipiers, et les respecter. »