Devenez un indépendant « bankable »
Depuis 10 ans, et plus encore après la crise sanitaire de 2020, un phénomène de fond bouscule l’appréhension du monde du travail. Le sacro-saint CDI n’est plus une fin en soi.
De nombreux cadres lui préfèrent le statut d’indépendant. Cette tendance dépasse largement le cadre de l’emploi des séniors. Cette démarche présente de nombreux atouts, mais elle est bien différente de la recherche d’emploi 'à l’ancienne'.
Indépendance / Recherche de CDI : 2 démarches complémentaires
Les profils expérimentés en Management de Transition déclarent qu’ils ne reviendront jamais au format “frustrant” du CDI… En vérité peu importe la forme, c’est bien l’intérêt du poste ou de la mission qui prime. Cela s’inscrit dans une démarche plus générale que nous pourrions qualifier d’opportuniste, dans le bon sens du terme.
La majorité des postes est pourvue par cooptation. Parfois même, c’est la disponibilité d’une personne du réseau qui déclenche un recrutement pressenti ! Si le réseau est incontournable pour l’indépendant, il le sera également dans le cas du CDI. Il faut rester souple sur la forme contractuelle : les modalités pratiques pour intervenir comme indépendant sont simplissimes en France.
La démarche réseau est une démarche de longue haleine. La (ré)activation de son réseau professionnel produit des résultats visibles à 3 / 6 mois au plus court, en veillant au bon dosage pour ne pas devenir polluant.
Un fil conducteur : la souplesse
Être indépendant demande de la souplesse vis-à-vis de son potentiel client. Vous ne vous adressez pas à lui pour vendre votre expérience, mais pour répondre à un besoin identifié. Mettez vous d’emblée au service de votre futur client. Votre adaptabilité sur les modalités pratiques font partie de votre package commercial :
Durée de la mission
Il vaut mieux rassurer son interlocuteur et partir sur un premier contrat en fourchette basse. Il sera toujours temps de le prolonger par la suite, plutôt que d’imposer une durée trop engageante.
Honoraires
Il est important d’avoir une fourchette d’honoraires en tête. En général il s’agit d’un TJM, prix à la journée (cf. La Face Cachée du Management de Transition). Savoir faire preuve de souplesse sur son taux journalier reste la priorité. La démarche d’un indépendant est une démarche commerciale, la négociation est parfois incontournable. A pratiquer des honoraires surévalués, le risque est grand de s’enfermer dans une logique de missions courtes, et de passer dans une année plus de temps à prospecter qu’à intervenir.
Rythme de la mission
Démarche exactement similaire aux points précédents. S’il est envisageable, le temps partiel pourra alléger sa facture en fin de mois. Vous pourrez continuer à prospecter par ailleurs pour remplir votre agenda. L’indépendance est aussi le choix d’une certaine forme de précarité.
Ces contraintes font partie du métier. Même si elles demandent une forte adaptabilité, elles permettent en contrepartie d’acquérir la confiance de son client. Celui-ci appréciera cette souplesse, ce qui deviendra le meilleur moyen de le fidéliser, ou d’en faire un prescripteur convaincu.
Se faire repérer en tant qu’indépendant : une communication adaptée
Ce thème est souvent cité dans nos articles, il concerne en premier lieu l’indépendant. Voici quelques précisions.
Votre plaquette commerciale : le CV
Se positionner comme indépendant ne dispense pas de l’élaboration d’un CV clair et structuré. Il viendra compléter une éventuelle plaquette, qui orientera plutôt sur votre offre de service et les solutions proposées à vos clients.
La page internet
L’élaboration d’un site ou d’une page internet peut être un très bon canal, afin de se faire repérer rapidement grâce aux mots-clés. Seuls les mots clés rares et très spécifiques (expertises particulières) auront de l’utilité. Les termes génériques comme ‘Manager de Transition’ sont aujourd’hui surexploités, vous n’avez aucune chance de vous faire repérer avec eux.
Les réseaux sociaux
La présence sur les réseaux sociaux peut être utile. Pas forcément pour signer directement des missions, mais pour s’intégrer au réseau d’autres membres. Il faut alors choisir des réseaux pertinents. LinkedIn est à nos yeux l’incontournable pour un indépendant. Viadeo se délite inexorablement, et pourrait même vous rendre moins crédible si vous en faites votre cheval de bataille. Ne parlons pas de Facebook qui n’a aucun intérêt pour un professionnel B to B.
Le revers de la médaille
Une présence trop fréquente sur internet donne l’image d’un manager en intermission permanente, qui veut diffuser ses bons conseils de gourou. C’est une tendance nette depuis 2020, mais nous doutons de son intérêt. Un indépendant n’a pas les moyens ni le temps de communiquer comme un cabinet installé. Mieux vaut s’en tenir à une belle page actualisée, une sorte de CV++.
Le bon dosage
Outre le choix de ses supports de communication, il faut adapter son mode de communication. Trouver le bon dosage pour se rappeler au bon souvenir des gens, sans devenir lourd en les sollicitant sur un rythme trop soutenu. Intervenir de manière réfléchie et de ne pas parler que de soi ou de son offre de service (notamment sur Twitter par exemple). Rien de tel pour se griller auprès du réseau…
Moins intrusif que le téléphone, le mail a le mérite de laisser une trace écrite et de pouvoir joindre un CV actualisé. Essayez de personnaliser votre message : rebondir sur un dossier commun, revenir sur un RDV réalisé dans le passé, se référer à une information intéressante pour votre interlocuteur,… Rien de plus décrédibilisant que le candidat qui transmet une candidature spontanée comme s’il nous sollicitait pour la 1ère fois, alors que nous avions échangé avec lui plusieurs fois auparavant…
Prenez chaque prise de contact comme une étape utile. Le dirigeant vous informe qu’il n’a pas besoin de vos services pour le moment ? Le fait même de recevoir une réponse est un point très positif. Est-ce que des personnes de son réseau professionnel pourraient être intéressées par votre profil ? Ces réflexes vous permettront de développer plus rapidement votre réseau.
Ne pas ‘ratisser’ trop large
Dernier conseil pour faire sortir votre offre de service du lot : communiquez sur une expertise spécifique, une compétence ou une expérience qui vous démarquera des autres. Même si vous êtes un DG généraliste, vous ne vous ferez pas repérer pour autant, car les DG généralistes brillants qui se positionnent comme indépendant sont nombreux. Avez-vous la connaissance d’un secteur particulier ? Connaissez-vous un ERP spécifique ? Avez-vous brillé dans un contexte particulier (fusion-acquisition, développement de CA, ouverture de nouveaux marchés,…) ? Cette caractéristique valorisera votre plaquette de présentation, votre CV et votre page web. Beaucoup de potentiels clients amorcent leurs recherches sur des mots-clés précis.
Les modalités pour intervenir comme indépendant
Les modalités possibles pour intervenir comme prestataire sont de plus en plus nombreuses et faciles à mettre en œuvre. Inutile de passer trop de temps sur ces aspects administratifs. Il vaut mieux privilégier la préparation de son offre de service, se concentrer sur sa campagne de communication et développer son réseau. Si par bonheur une opportunité de mission se présente plus vite que prévu, il sera toujours temps de lancer l’administratif. Contrairement à une idée reçue, ce dernier est facile et rapide à mettre en œuvre en France.
Voici quelques possibilités
Le portage salarial : rapide et facile à mettre en place (à prioriser pour une 1ère mission). Permet de bénéficier d’une expertise sur les modalités contractuelles. Inconvénient: les frais de gestion.
L’auto-entreprenariat : facilité et rapidité de mise en œuvre. Inconvénient : le plafond de CA dans les services, un peu court pour beaucoup de fonctions et une activité à temps plein.
La société unipersonnelle : recommandée pour les indépendants ayant déjà une activité significative. Permet d’amortir des charges qui sont plus importantes que dans les autres solutions évoquées.
Informations utiles sur le portail de la CCI IDF/Paris.
Comparé à l’Allemagne, l’Angleterre ou la Belgique, la France fait figure de parent pauvre. Il y a beaucoup plus d’offres de service de la part des indépendants, que de demande de la part des entreprises. Le réflexe n’est pas encore acquis, l’intérêt pas encore assez visible. Le taux moyen d’occupation des indépendants était évalué avant la crise à 33%, avec de très grandes disparités selon les fonctions. Rappelons que les cabinets spécialisés sont la première force d’intervention en Management de Transition. Lire à ce sujet notre article pourquoi se faire référencer dans un cabinet.
Rien n’est plus stimulant que d’intervenir comme indépendant, pour profiter de la liberté que cela procure. Avec l’émergence et la professionnalisation de supports comme le portage salarial, les alternatives administratives sont de plus en plus développées. Si l’on accepte la principale contrainte de l’indépendant – gérer une précarité irrégulière et omniprésente – garder en tête ces quelques règles permettra d’augmenter fortement la probabilité d’enchainement des missions.